Le monde a changé. Vos habitudes, votre entourage, vos loisirs, votre travail. Ce ne sont plus que de pâles souvenirs qui s’estompent, s’éraflent sur la dureté du quotidien. Ce fameux mois d’octobre 2015, vous avez vu naître le chaos. Les premières agressions, les premiers morts, les premières émeutes. A l’époque, vous ne pensiez pas que ça durerait. A l’époque, vous pensiez que l’armée contrôlerait la situation. A l’époque, vous pensiez que la vie reprendrait son cours. Et après cette cacophonie qui a ébranlé l’Etat de Washington : le silence. Lourd. Glaçant. Percé par des râles d’outre-tombe. Un fléau qui se met à fouler la terre.
Bien vite, les messages télévisés invitant à se réfugier se sont mis à tourner en boucle. La radio n’émet plus, sauf pour crachoter quelques consignes de sécurité. Ne pas sortir, rejoindre les camps fortifiés, rester discret, ne se fier qu’aux forces assermentées. Puis plus rien. C’était il y a longtemps de toute façon. Les deux principaux camps de Seattle sont tombés depuis et ceux qui restent, les survivants, doivent se battre tous les jours pour espérer voir le lendemain.
Tout ce qui faisait notre civilisation n’existe plus. L’eau courante, l’électricité, la sécurité. Les morts se relèvent toujours, se regroupent, résistent au temps qui passe et aux intempéries. La nature reprend ses droits, insensible à votre déchéance. L’herbe fend le bitume pour repousser, les arbres étirent leurs branches, des rues se transforment en marécage, les infrastructures s’effacent sous d’envahissants feuillages. Vous en avez perdu des proches pour arriver jusque là, vous en avez vu des horreurs. Peut-être avez-vous été obligé de tuer, peut-être avez-vous été mutilé, peut-être avez-vous déjà été couvert de tellement de sang que vous ne saviez plus si c’était le votre ou celui de vos amis. Peut-être avez-vous tout perdu.
Pourtant il faut continuer.
La cité d’émeraude n’est plus qu’une carcasse exsangue mais dans tout l’état de Washington, des vivants croient encore. Non plus en un retour à la normale, mais en une vie qui, malgré tout, continue. D’autres communautés ont vu le jour, plus petites, disparates. L’humanité a souffert, l’humanité agonise encore de toutes ces épreuves, mais elle s’adapte. Elle se bat. Pour être arrivés si loin, vous comprenez alors que les morts ne sont plus la pire des menaces. Ce sont désormais les autres les plus dangereux, quand ce n’est pas la Nature elle-même…
Vous arpentez maintenant les ruines de votre monde… pour combien de temps encore ?